Bungalows, 1946-1974 - compte-rendu de conférence

Bungalows et « american way of life », 1946-1974 - Compte-rendu de la conférence de Jonathan Lachance

Par Guillaume Bouchard Labonté, 20 mars 2019


le 12 mars dernier, l’historien de l’art Jonathan Lachance a présenté l’histoire canadienne du bungalow à travers le modèle idéologique et les normes privilégiées par la SCHL. Nous avons appris, en sa compagnie, que l’architecture de ces résidences n’était pas inspirée que par des considérations pratiques.


Les banlieues et leurs bungalows ont assez mauvaise réputation aujourd’hui. Dans la culture populaire, elles sont souvent synonymes d’homogénéité sociale et architecturale, de monotonie. On présente les banlieues comme une sorte d’accident importé des États-Unis. Pourtant, au retour de la guerre, les institutions canadiennes aiment en faire la promotion.


Les maisons de banlieue, nous fait découvrir Jonathan Lachance, correspondent à un modèle, un idéal civique occidental : celui du noyau familial et de l’individualisme. Pendant la Deuxième guerre mondiale et après, il faut, selon Jonathan Lachance, permettre aux familles des ouvriers spécialisés de se retrouver seules et de profiter de leur intimité. Mais également isolées les unes des autres : il oppose d’ailleurs ce modèle aux immenses blocs de logements soviétiques, dans lesquels les ouvriers vivaient une promiscuité propice à l’organisation syndicale. Les premières maisonnettes du type, assemblées en vitesse par la Wartime Housing Limited, ne sont pas des tentatives révolutionnaires. Basées sur le modèle « vernaculaire » canadien, leur architecture est plutôt conservatrice.


Elles sont à des lieues des modèles un peu plus spacieux et modernes développés de concert avec la SCHL dans les années suivantes. Mais la vente de ces dernières s’accompagne d’une idéologie tout aussi complexe. Il s’agit alors d’adapter l’organisation spatiale au mode de vie idéal de la famille canadienne. Notre invité soulève par exemple l’importance, pour la SCHL – fort généreuse envers les constructeurs qui respectent ses directives – de diviser les « zones » de la maison en fonction du genre. L’espace réservé à la femme, selon cette institution, est la cuisine. Celle-ci doit donc être aménagée en fonction de ses besoins, de manière pratique, et doit faciliter la supervision des enfants. L’espace de prédilection de l’homme est plutôt le garage et le sous-sol, dont les accès sont situés l’un tout près de l’autre!


L’espace urbain des banlieues idéales est pensé de la même façon que l’organisation interne des maisons : chaque chose à sa place. Les piétons ne doivent pas côtoyer les voitures et au centre de chaque quartier doit se trouver… une école.


Grâce à sa démonstration rigoureuse, Jonathan Lachance prouve que les banlieues et ses bungalows, loin d’être pensées comme un paysage monotone, avaient pour objectif de faire la promotion d’un mode de vie, d’une idéologie et d’une certaine « harmonie ». À ce sujet, les guides de la SCHL restent les outils didactiques qui en révèlent le plus. À l’intérieur, on explique en long et en large comment construire un bungalow et surtout, comment y vivre.