Femmes d'affaires en N-F: compte-rendu de conférence

Femmes d’affaires en Nouvelle-France – compte-rendu de la conférence de Mona Andrée Rainville


Par Guillaume Bouchard Labonté - 17 avril 2019


L’histoire des femmes de la Nouvelle-France, selon Mona Andrée Rainville, n’attire pas suffisamment l’attention des auteurs et des passionnés. L’avocate, ancienne journaliste, chercheure et auteure tente depuis longtemps de mettre en valeur leur mémoire. Invitée du CAL et de la SHGIJ le 16 avril dernier, elle a livré non seulement une conférence fascinante sur l’histoire des femmes d’affaires sous le régime français, mais aussi un plaidoyer pour la reconnaissance de leur héritage.


L’examen de très nombreuses pièces d’archives a permis à Mona Andrée Rainville de tirer un portrait complet, mardi dernier, des femmes d’affaires de Nouvelle-France. Mais ce n’est pas, selon elle, un groupe homogène.


Présentes dans presque tous les secteurs économiques, les femmes sont également de tous les statuts : mariées, célibataires, veuves, riches et pauvres…


Les règles administrant le droit des femmes d’affaires émanent en grande partie de la Coutume de Paris et de l’Ordonnance sur le commerce de 1673. Celles-ci n’interdisent aucunement les femmes à se livrer à un métier, mais permettent d’en circonscrire les limites. Ces limites sont plus flexibles qu’on pourrait a priori le croire. Mona Andrée Rainville note par exemple que la permission écrite de l’époux ou du père n’est pas obligatoire pour qu’une femme puisse se livrer à un commerce quelconque : il doit dans les faits s’y opposer explicitement pour l’empêcher de pratiquer.


Au-delà du cadre, dont les limites sont souvent explorées par les entrepreneures de la Nouvelle-France, il y a les personnages. Mona Andrée Rainville trace les grandes lignes des carrières de certaines d’entre elles, dont Marie Marguerite Césaire de la Gardelette, née à la fin du XVIIe siècle. La vie de cette femme d’affaires prospère illustre bien les obstacles qu’une société peut placer devant les personnes qui sortent de l’ordinaire : privée de la présence de son fils légitime par les tribunaux, elle est finalement internée par ses neveux qui l’accusent d’être démente… et ses biens durement acquis, incluant sa maison, sont liquidés.


Mona Andrée Rainville donne globalement un rôle prédominant aux femmes d’affaires de la Nouvelle-France. En majorité canadiennes, plus intéressées aux ressources locales qu’à l’importation, leur contribution à l’économie de la colonie est particulièrement importante et sous-estimée. Cabaretières, blanchisseuses, détaillantes, courtières et autres méritent, selon elle, d’être mieux connues et reconnues.