généalogie et ADN: compte-rendu de conférence.

L’ADN et la généalogie – compte-rendu de la conférence de Suzanne Lesage


Par Guillaume Bouchard Labonté – 16 mai 2018


Avez-vous passé un test d’ADN? La pratique est de plus en plus populaire. Mais les analyses proposées par les différentes entreprises peuvent varier en qualité et en profondeur. Suzanne Lesage, biochimiste de formation et vice-présidente de la Société de généalogie de l’Outaouais, nous a aidé à y voir plus clair.


Il lui a fallu, lors de cette dernière conférence du printemps 2018, démêler quelques concepts. Il faut distinguer l’ADN mitochondrial, par exemple, de l’ADN-Y : le premier est transmis par la mère (XX) à tous ses enfants alors que le second n’est transmis que par le père à sa descendance mâle (XY). Les composantes du noyau de l’ADN (l’ADN autosomal), quant à elles, sont transmises par les deux parents : chacun fournit 50% du total.


Les informations contenues dans ces chromosomes ont beaucoup de potentiel. Un projet de la National Geographic Society, en 2006, l’a fait comprendre à bien des gens. En analysant le génome de 1000 New yorkais, on y a tenté de tracer le schéma du peuplement de la Terre. L’objectif tout d’abord purement scientifique a inspiré de nombreuses entreprises, décidées à commercialiser les tests d’ADN. Dans les années qui ont suivi, la pratique s’est étendue à des centaines de milliers de personnes, puis à des millions. Aujourd’hui, plus de 10 millions de personnes, dans le monde, ont procédé à des tests d’ADN. Ceux-ci sont nettement plus accessibles aujourd’hui qu’auparavant : on peut trouver des forfaits pour un peu moins de 100$.


Aujourd’hui, plus de 10 millions de personnes, dans le monde, ont procédé à des tests d’ADN.


L’industrie compte trois gros joueurs : Ancestry DNA, Family Tree DNA et 23andMe. Tous ont des caractéristiques qui leur sont propres. Ancestry DNA a par exemple attribué, à notre conférencière, un haut pourcentage de patrimoine génétique commun avec les Britanniques, ce que son arbre généalogique réfute. Mais en examinant les résultats, elle découvre que ce groupe « britannique » comprend une partie du Nord de la France ! D'autres entreprises lui ont fourni des informations légèrement différentes. Globalement, elle considère que les analyses des tests manquent donc de précision. L’utilité des résultats devient bien plus importante, selon elle, lorsqu’on y ajoute nos données généalogiques. Par le biais de Gedmatch.com, par exemple, un organisme sans but lucratif.


Car au-delà d’une hypothétique appartenance géographique, la génétique permet aussi de retracer ce que Suzanne Lesage appelle des « géno-cousins ». Cette recherche peut parfois s’avérer très complexe. Dans le cas du Québec, par exemple, un petit nombre de personnes sont les ancêtres de beaucoup, et un aïeul peut se retrouver à plusieurs reprises dans l'arbre généalogique. Toutefois, en croisant les approches de la généalogie et de la génétique, il reste toujours possible de faire de très intéressantes découvertes. Confirmer ou infirmer l’existence d’un ancêtre autochtone, entre autres, mais aussi retrouver des "géno-cousins" au cinquième ou au sixième degré !