Le traité de Troyes (1420) : Compte-rendu de la conférence de François Lemieux

L’application du traité de Troyes (21 mai 1420) et la guerre de Cent Ans : compte-rendu de la conférence de François Lemieux


Par Alexandre Legault – 13 novembre 2019


Les études historiques sur la guerre de Cent Ans (1337-1453) auraient principalement porté sur les conflits et les conquêtes qui ont marqué ces événements. C’est donc bien l’originalité de François Lemieux que de s’être penché dans son mémoire de maîtrise (consultable ici) sur la paix lors de cette période. Plus concrètement, la recherche de cet historien a porté sur l’application du traité de paix signé à Troyes, le 21 mai 1420, entre les rois d’Angleterre et de France, Henri IV et Charles VI. Elle montre qu’au-delà de l’échec de ce traité, la décennie qui suit (1420-1430) a été marquée par des efforts constants pour faire appliquer et respecter les dispositions qu’il prévoyait.


La guerre de Cent Ans est à l’origine un conflit pour la couronne de France entre Édouard III, alors roi d’Angleterre, et la maison royale française des Valois. Cette querelle dynastique s’est étirée sur plusieurs générations, entrecoupée de périodes de trêves et de temps morts. À partir de 1415, le roi Henri V entame une campagne militaire, profitant ainsi d’une France affaiblie par une guerre civile opposant les Bourguignons aux Armagnacs.


Ces conquêtes mènent à la défaite de Charles VI et à la ratification du traité de Troyes le 21 mai 1420. Les dispositions prévues sont exceptionnelles. En effet, elles mettent en place une Double monarchie : c’est-à-dire qu’Henri V, tout en conservant son titre de roi d’Angleterre, deviendra aussi le seul successeur légitime de la couronne de France à la mort de Charles VI. À cela s’ajoute une autre disposition particulière : tous les sujets du royaume de France devront prêter serment au traité de paix.


Aussitôt ratifié, le traité de Troyes voit sa mise en application confrontée à des défis de grande ampleur. D’abord, la France n’est pas encore entièrement conquise : celle-ci est encore divisée entre trois territoires occupés par les Anglais, les Bourguignons et les Armagnacs, ces derniers étant sous l’autorité du dauphin Charles, déshérité et banni du royaume de France. Ensuite, deux ans plus tard, le décès précipité d’Henri V et Charles VI place Henri VI comme unique successeur de la couronne, alors âgé de seulement dix mois. C’est donc à son oncle Jean de Lancastre que revient la responsabilité de poursuivre la conquête militaire et de faire appliquer le traité de Troyes pendant la décennie qui suivra.


Dans ce contexte agité, François Lemieux a mis en lumière les différentes étapes concrètes concernant l’application du traité de Troyes. Il s’est donc penché sur les mesures prises pour le faire connaître à l’ensemble du royaume de France (par l’envoi de lettres, la publication, les annonces publiques, etc.); l’organisation de la prestation des serments de paix; la redistribution des terres par un système de confiscation et de don; la reprise de la conquête du territoire armagnac; les mesures punitives et la reprise de relations commerciales pour faire instaurer la paix; et enfin, les efforts de représentation pour faire respecter la Double monarchie sous le règne d’un enfant qui n’était alors pas en âge de gouverner.