Mariages irlandais - compte-rendu de conférence
Les mariages irlandais à Montréal - Compte-rendu de la conférence de Jonathan Duchesne
Par Guillaume Bouchard Labonté - 4 mars 2020
C’est en découvrant l’importante croissance démographique de la communauté anglophone du Montréal des années 1830 que Jonathan Duchesne (étudiant à la maîtrise en histoire, UQAM) a commencé à s’interroger sur l’origine et les tribulations de tous ces nouveaux arrivants. Dans le cadre de son mémoire de maîtrise, il s’attarde plus particulièrement à la communauté irlandaise à une époque où elle est encore à un stade embryonnaire. Hier, il nous a présenté, lors d'une conférence absolument inspirante, sa méthodologie et plusieurs de ses conclusions.
Après avoir dépouillé environ 5200 pages de registres de la Paroisse Notre-Dame, Jonathan Duchesne est parvenu à retracer plus d’un millier d’Irlandais et d’Irlandaises, principalement à travers les mentions de mariages. L’examen prudent de ces sources lui a permis de faire plusieurs constats. Le niveau d’endogamie socio-professionnel, par exemple, était varié : il note entre autres que 43% des journaliers mariaient une fille de journaliers. Cette proportion montait à 50% chez les agriculteurs, mais chutait dramatiquement chez les Irlandais pratiquant un métier spécialisé. Il remarque aussi que certains Irlandais appréciaient tant faire office de témoin qu’ils en ont fait une habitude : dans les registres, certains individus sont cités en tant que témoins une bonne dizaine de fois !
La compilation des données a aussi amené son lot de questions. Jonathan Duchesne remarque entre autres que les deux époux proviennent assez souvent de régions différentes. Comment ces nouveaux mariés ont-ils donc fait connaissance? Sur le bateau? Lors d’un passage à New York? Au sein de la communauté irlandaise montréalaise naissante? Notre invité constate aussi que les baptêmes, qui devraient logiquement suivre les mariages, sont, toutes proportions gardées, assez rares à être enregistrés. Où diable sont donc passés ces Irlandais qui semblent disparaître des sources après quelques années?
Le mystère s’épaissit et si Jonathan Duchesne suggère quelques pistes, dont certaines sont issues de l’historiographie récente, il reste prudent. Dans tous les cas, sitôt arrivés, les Irlandais catholiques ne désertent pas tous Montréal. Au milieu des années 1830, ils sont assez bien enracinés pour rêver d’un lieu de culte bien à eux. Il faudra cependant attendre la décennie suivante avant que ce projet ne voit le jour et que la Basilique Saint-Patrick soit enfin construite.