Mussolini à Montréal - compte-rendu de conférence

Mussolini à Montréal : une communauté sous influence? – compte-rendu de la  conférence de Luca Sollai


Par Guillaume Bouchard Labonté – 19 mai 2020


Dans les années trente, la communauté italienne de Montréal subit les assauts idéologiques répétés des institutions qu’elle a créées : plusieurs églises, écoles et organisations ont soit été cooptées, soit infiltrées par les idées fascistes, dont elles deviennent même parfois le véhicule. Luca Sollai, de l’UdeM, nous a exposé cette réalité historique méconnue, le 19 mai dernier.


Lorsque Mussolini prend le pouvoir au début des années 20, la situation économique et sociale de l’Italie est très difficile. L’appui au Duce est d’ailleurs, au sein de la population, lié dans un premier temps à la contestation d’un long bilan libéral. Le dictateur se livre rapidement à plusieurs réformes. Celles qui intéressent le plus Lusa Sollai sont celles qui visent d’une part à renforcer l’unité nationale, et d’autre part à redorer l’image du pays à l’étranger.


Les communautés italiennes installées à l’extérieur du pays constituent un important pivot dans ces initiatives. Elles constituent en effet tant des destinataires que des outils de propagande. À travers l’Église catholique, avec qui les relations se sont beaucoup améliorées depuis les Accords de Latran (1929), on s’assure par exemple que les idées fascistes – parfois camouflées, mais pas nécessairement –  imprègnent bien le discours du clergé. À Montréal, dans les années trente, la plupart des Italiens catholiques fréquentent les églises de Notre-Dame-du-Mont-Carmel, située au centre-ville, et Notre-Dame-de-la-Défense. C’est d’ailleurs dans cette dernière église qu’on peut toujours observer, aujourd’hui, une fresque honorant Pie XI… et Mussolini, représenté en uniforme, sur son cheval.


D’autres institutions servent également de véhicule aux idées fascistes. Les écoles, par exemple, mais aussi la Casa d’Italia, qui a pour mandat initial de faire la promotion de la culture italienne!


Luca Sollai juge que cette propagande est très efficace et parvient à rallier une bonne partie de la communauté italienne montréalaise. Toutefois, cette influence culturelle ne se serait pas traduite par une pression politique soutenue. Autrement dit, les Italiens de Montréal n’auraient jamais caressé le projet de renverser le régime politique local!


Tous les Italos-Montréalais n’adhèrent pas aux idées fascistes. C’est le cas, par exemple, d’Antonino Spada, antifasciste convaincu. Il doit cependant faire face à des institutions qui soutiennent largement Mussolini, notamment dans sa lutte contre le communisme,. Ce mouvement paraît alors représenter une menace bien supérieure à Mussolini, du moins aux yeux de nombreux gouvernements occidentaux et du clergé. Les Italos-Montréalais sont donc loin d’être les seuls à approuver l’accession au pouvoir du Duce.


La situation change radicalement pendant la Deuxième Guerre mondiale. Plusieurs Italiens doivent montrer publiquement qu’ils n’appuient pas le gouvernement italien. Certains d’entre eux, note Luca Sollai, seront d’ailleurs internés à Petawawa.