Religieux à Laval : compte-rendu de conférence de Guy Laperrière

Communautés religieuses lavalloises : compte-rendu de la conférence de Guy Laperrière


Par Guillaume Bouchard Labonté – 1er mai 2018


Depuis le début du régime français, de nombreuses communautés religieuses catholiques se sont installées sur l’île Jésus. Guy Laperrière les a toutes retracées. Lors de sa conférence du 24 avril, il nous a offert un aperçu de leur histoire.


On ne le dit pas assez : notre ville a été profondément marquée par le passage de communautés religieuses. Ce sont d’ailleurs les Jésuites qui ont donné leur nom à l’île Jésus, et Mgr de Laval, du Séminaire de Québec, qui a donné le sien à la municipalité. Le Séminaire de Québec est également resté seigneur de l’île Jésus jusqu’à l’abolition du régime seigneurial, en 1854!


On ne peut cependant pas limiter l’impact des communautés religieuses à ses origines et à quelques grands personnages historiques. Les couvents et monastères ont fleuri tout au long des deux derniers siècles, offrant les services les plus divers à la population. Guy Laperrière a divisé leur histoire en quatre grandes périodes : le régime seigneurial (1700-1854), la deuxième moitié du XIXe siècle (1840-1900), la première moitié du XXe (1900-1945) et la deuxième (1945-2018). Chacune de ces périodes connaît ses propres spécificités.


Le régime seigneurial est tout d’abord marqué par ses nombreux échanges : l’île Jésus passe d’un seigneur à l’autre. Mais la situation se stabilise avec l’arrivée du Séminaire de Québec. Celui-ci contribue beaucoup au développement de l’île Jésus, notamment en faisant construire le Moulin du Crochet en 1806, qui est appelé à devenir un haut-lieu religieux et économique lavallois.


Le Séminaire de Québec tire d’abondants revenus des moulins qu’il a fait construire. Les moulins à scie sont particulièrement rentables. Mais au milieu du XIXe siècle, le régime seigneurial périclite, avec toutes ses redevances et ses privilèges. Parallèlement, la population de l’île Jésus se stabilise à 10 000 habitants environ, et le développement de communautés religieuses s’y transforme. Ignace Bourget, évêque de Montréal entre 1840 et 1876, y est pour quelque chose. L’île Jésus fait partie du Diocèse de Montréal : elle est donc sous sa gouverne. Bourget y facilite l’installation de plusieurs communautés. L’effet est particulièrement visible dans le domaine de l’éducation. Par exemple, les Dames du Sacré-Cœur créent un pensionnat à Saint-Vincent-de-Paul dès 1846 et les Pères de Sainte-Croix ouvrent une école pour garçons à Saint-Martin en 1851. Mais on ne s’intéresse pas qu’aux écoles : les Sœurs de la Providence arrivent sur l’île Jésus en 1858. Et leur spécialité, c’est le service aux pauvres et aux malades, qu’elles vont souvent visiter à domicile!


La fin de cette deuxième période est bouleversée par l’arrivée de nouvelles communautés françaises, qui ont décidé de s’installer massivement au Québec après l’adoption des lois Ferry, qui leur causent bien des soucis en Europe. Les Frères Maristes, qui enseignent au Collège Laval dès 1888, font partie de ce groupe, ainsi que les Sœurs du Bon-Pasteur. Ce sont ces dernières qui occuperont le vieux Moulin du Crochet jusqu’à sa destruction, au début des années 30. Elles y créeront une école d’industrie et de réforme pour jeunes filles. Déplacée dans un pavillon gigantesque, cette institution deviendra éventuellement le Centre jeunesse de Laval : elle conservera donc sa vocation.


Il y a encore beaucoup de mouvement au cours de la première moitié du XXe siècle, et surtout beaucoup de croissance. Laval reste toujours une zone en majorité rurale, mais sa population double tout de même pour s’établir à environ 20 000 habitants. Nouvelles écoles, couvents, maisons de retraite… la visibilité des communautés religieuses est loin de s’atténuer. Mais la fin de la Deuxième guerre mondiale change la donne. Le baby-boom et la croissance du phénomène de la banlieue amène, en quelques décennies, des centaines de milliers de personnes à Laval. Entre 1945 et 1965, 22 paroisses naissent sur le territoire de l’île Jésus! Mais les communautés religieuses ne croissent pas au même rythme. Et la société se sécularise rapidement. Malgré tout, Guy Laperrière observe l’influence des mouvements charismatiques des années soixante-dix à quatre-vingt-dix sur la vie spirituelle lavalloise. Ces « nouvelles communautés » sont les dernières en date à s’installer sur l’île Jésus.


Guy Laperrière, accompagné de nombreuses photos d’archives (dont certaines proviennent de nos fonds), a clairement démontré l’importance de la contribution des communautés religieuses de Laval. Leur histoire est riche, et elle a laissé une empreinte indélébile sur notre patrimoine!