La maison et la forge Pierre Paré

par Julien Trépanier


Reconnue en tant qu'immeuble patrimonial en 1976, la maison Pierre-Paré est érigée vers le milieu du dix-neuvième siècle, possiblement durant la décennie 1840. Parfois reconnue comme étant la maison François-Cloutier, l'habitation doit toutefois son appellation à son bâtisseur, le forgeron Pierre Paré. Il semblerait que sa première vocation fut résidentielle puis magasin général des Paré, du moins à partir de 1850. Située au 4730, rang du Haut-Saint-François, la maison en pierre des champs rectangulaire de composition symétrique est un  excellent exemple d'une maison québécoise d'inspiration française et néoclassique qui a évolué depuis le siècle précédent et incorpore des influences britanniques.


À la fin des années 1970, succédant sa reconnaissance, le bâtiment fait l'objet d'une restauration significative par la compagnie HISTART afin d'être digne d'un immeuble patrimonial. La maison possède un toit à deux versants en bardeaux de cèdre comportant une cheminée à chaque pignon, des larmiers protégeant la galerie avant et des lucarnes, trois grandes à l'avant, deux grandes et une petite à l'arrière. Les deux portes de la façade avant et le plan allongé de la maison signalent une occupation double à une certaine époque. 


Tout juste en face du précédent bâtiment, au 4725, rang du Haut-Saint-François, se dresse la forge Pierre-Paré, érigée entre 1819 et 1825. Au Québec, elle constituerait « le plus ancien représentant connu de ce type d'atelier de forge qu'est la maison-boutique », soit une structure intégrant un logis et un atelier sur le même palier. Quoique dangereux pour les incendies, la forge constitue à l'époque une source de chaleur formidable durant les froids hivers québécois. Nonobstant quelques modifications en 1930 et 1956, la maison-boutique demeure essentiellement inchangée de son érection jusque dans les années 1980 alors qu'elle change officiellement de vocation et devient entièrement une résidence. 


À la fin de sa vie active, en 1956, la forge comprend 220 outils dont 122 s'avèrent des fabrications artisanales principalement confectionnées par les forgerons Paré, quelques autres par les forgerons Charbonneau qui ont pris la relève à la toute fin du dix-neuvième siècle. L'autre partie de l'outillage, industriel, représente une proportion considérable pour l'époque lorsque nous comparons les inventaires de différentes forges québécoises. Ces équipements, pour la plupart soigneusement gardés par l'actuel propriétaire, témoignent de façon formidable de la métallurgie du dix-neuvième siècle. 


Ainsi donc, ces bâtiments révèlent une parcelle de l'histoire de Laval et constituent des éléments patrimoniaux importants et intéressants que nous nous devons de conserver et de faire connaître.