Le Laval agricole : plus que des légumes et des fleurs!

L'histoire de l'industrie animale sur l'île Jésus

par Sophie Ouimet


En agriculture, on associe Laval à l'horticulture, puis au maraîchage. De là l'intérêt de se pencher sur l'industrie animale.


On dit que jusqu'à environ 1850, les agriculteurs de l'île Jésus cultivent en autosubsistance. Puis tranquillement, ils se spécialisent. L'augmentation de la population montréalaise n'est pas  étrangère au phénomène, car la métropole offre alors des perspectives de marché intéressantes. D'ailleurs, à Laval-des-Rapides, l'une des premières industries à offrir du travail permanent aux habitants serait celle des renardières.

Les renardières sont des fermes d'élevage fournissant des peaux de renard aux fourreurs de Montréal. Dans les  années 1920, trois œuvrent à Laval-des-Rapides. Or, leurs activités  dégagent de nauséabondes odeurs menant ultimement à leur fermeture lors de la décennie suivante. Ce n'est pas la première fois que Laval-des-Rapides met un terme à une industrie « puante » : en février  1913, la ville accorde huit jours à Narcisse Courtemanche pour  débarrasser la ville de « la nuisance de sa porcherie ».


Les industries avicole et laitière

La grande aventure avicole lavalloise débute dans les années 20, par une alliance entre les aviculteurs de Laval et de Terrebonne. Leur regroupement est incorporé en 1932 sous le vocable du « Couvoir coopératif de Laval » puis du « Couvoir coopératif de Pont-Viau »  (1938).


À son apogée, il représente un fleuron du monde avicole québécois. On prétend même qu'en 1953-54, nulle part au Québec ne fut incubés plus d'oeufs et produits plus de poussins qu'au couvoir de Pont-Viau.


Cependant, à la fin de la décennie 50, les activités du couvoir diminuent graduellement jusqu'à cesser complètement. Les difficultés vécues par la coopérative coïncident avec la décroissance soutenue des aviculteurs sur l'île Jésus, dont les terres disparaissent sous l'effet de l'urbanisation.


L'industrie laitière connaît le même destin. Dès que s'amorce la hausse démographique de la deuxième moitié du XXe siècle, le cheptel laitier s'amenuise. Il s'agit de changements majeurs,  car le lait constitue alors une production très importante, notamment à Saint-François-de-Sales. À Saint-Vincent-de-Paul, un producteur se démarque d'ailleurs dans le secteur. Effectivement, dans le cadre du  concours du « Mérite agricole » de 1940, le ministère de l'Agriculture du Québec louange l'exploitation d'Anthime Paquette, située rang de la Grande Côte. On décrit M. Paquette comme « l'un des meilleurs éleveurs de bovins Holsteins de la province. »


Le milieu laitier subit également la rivalité des maraîchers, et ce, avant l'afflux citadin. Les besoins importants des marchés en approvisionnement de légumes, couplés à des avancées  technologiques dans le domaine, favorisent en effet l'essor de la culture maraîchère au détriment de la production laitière. Ce détournement ne cause pas qu'une baisse des producteurs de lait, il nuit également aux laiteries et aux beurreries locales. C'est le cas de la  beurrerie de Sainte-Dorothée qui cesse ses activités dès 1919. Le propriétaire Alphonse Crevier aurait d'ailleurs déclaré : « En 1917,  plusieurs habitants ayant vendu leurs vaches pour faire la culture des légumes, la beurrerie n'était plus rentable, c'est alors que j'ai pensé qu'il faudrait fermer tôt ou tard. »


Photographies

Haut: Monsieur Ouimet et ses vaches, © SHGIJ, Collection de la SHGIJ, C1/F1,01, Date : inconnue, Photographe : inconnu

Bas : Poussins récemment sortis de l'incubateur © SHGIJ, Fonds Couvoir de Pont-Viau, P2/F,01.06 Photographe : inconnu