Femmes royales étrangères en égypte - conférence

Femmes royales étrangères en Égypte : compte-rendu de la conférence de Véronique Lacroix


Par Guillaume Bouchard Labonté - 13 mai 2020


Le 12 mai dernier, le CAL et la SHGIJ ont reçu la visite virtuelle de Véronique Lacroix, étudiante à la maîtrise en histoire à l’UQAM. Sa conférence, qui portait sur le rôle des femmes royales étrangères en Égypte ancienne, a retenu l’attention d’une trentaine de curieux et curieuses.


Les mariages diplomatiques existent depuis les temps les plus reculés. Sous le Nouvel Empire (1550-1069 AEC), en Égypte, ils sont particulièrement utiles au Pharaon. Celui-ci n’hésite pas à épouser de nombreuses filles de rois étrangers ou de chefs de clans : étant polygame, il peut se permettre de traîner derrière lui une suite impressionnante de concubines et d’épouses dont le statut social et économique peut varier énormément.


Le rôle de ces épouses royales change au gré des dynasties, de la puissance de l’Égypte et de celle de ses rivaux, nous dit Véronique Lacroix. Pour Thoutmosis III, roi emblématique de la XVIIIe dynastie, les femmes étrangères sont essentiellement des outils politiques. Le terme « inou », qui pourrait être traduit par « tribut », sert d’ailleurs tout autant à qualifier des dons matériels que les filles des dignitaires étrangers, destinées à épouser le roi!


Généralement, leur rôle reste mineur au sein de l’Égypte. Les principales épouses du Pharaon sont généralement d’origine égyptienne, et ce sont ces dernières qui ont accès à la plupart des privilèges.


Quelques épouses venues d’ailleurs échappent toutefois à cette règle : Kiya, par exemple, que plusieurs associent à une autre princesse, Tadukhipa. Cette Mitannienne aurait tout d’abord marié Amenhotep III. Après la mort de celui-ci, elle aurait simplement été offerte à son successeur, le futur Akhenaton, et dès lors connue sous le nom de « Kiya ». Cette épouse royale étrangère occupa un rôle très important au sein du royaume : on lui aurait même dédié des temples. Malheureusement, elle disparaît mystérieusement des sources après la seizième année du règne d’Akhenaton.


Il semble également que sous la XIXe dynastie, du moins en partie, certaines épouses d’origine étrangère passent du statut de « tribut » à celui de « représentantes » de leur royaume.


À quoi ressemble la vie quotidienne de ces exilées? C’est difficile de le déterminer avec précision. On sait toutefois que la tradition du mariage royal égyptien dépend d’une importante institution : le harem. Très différent de son équivalent ottoman, le harem égyptien n’est pas simplement un palais où sont enfermées les épouses et concubines du roi : c’est également un centre de production de biens divers. On y tisse des étoffes de grande qualité, par exemple, nous apprend Véronique Lacroix. Il n’y a également pas qu’un seul harem en Égypte : les épouses les plus privilégiées auraient disposé de leur propre résidence. Cette institution peut d’ailleurs être le centre d’intrigues politiques : celles qui menèrent à l’assassinat de Ramsès III, par exemple, ont été manigancées en grande partie par des résidentes du harem, dont une épouse secondaire, Tiyi. Cette série d’évènements dramatiques est d’ailleurs connue sous le nom de « Conspiration du Harem ». Et elle est bien connue de notre public, puisqu’elle fit l’objet d’une autre conférence présentée à la SHGIJ, en 2017. Les femmes issues de royaumes étrangers vivent dans ces harems et côtoient les autres concubines, épouses et membres du personnel.


La conférence de Véronique Lacroix, très dense en informations, fut sans doute un gros morceau à avaler pour les personnes qui ne sont pas initiées à l’histoire ancienne. Cela dit, notre invitée de mardi dernier a traité du sujet avec créativité. Si vous avez manqué cet évènement, vous pouvez d’ailleurs toujours le visionner en visitant notre page facebook. Nous vous le recommandons chaudement!